Frankenstein
Rédigée par Marine Louvet

Frankenstein

De James Whale - 1h11 - 1931 (États-Unis)
Frankenstein
à partir de 9 Ans

Synopsis

Jeune scientifique mégalomane, le Docteur Henry Frankenstein a quitté les bancs du Professeur Waldmann pour s’enfermer dans un moulin en ruines et mener loin des regards de folles expérimentations. Accompagné de Fritz, un assistant bossu au regard diabolique, Frankenstein entend créer de toutes pièces un homme. Alors qu’il est sur le point de se marier, il est rattrapé par sa propre création.

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Sorti en 1931, Frankenstein de James Whale adapté de la pièce de théâtre anglaise éponyme par Peggy Webling (1927), elle-même inspirée par le roman de Mary Wollstonecraft Shelley Frankenstein ou le prométhée moderne (1816), est un immense succès. Le film est depuis devenu culte et a fait l’objet de nombreuses suites. Néanmoins, lorsqu’on demande à Boris Karloff, acteur qui interprète le rôle de la créature, quel est le meilleur film d’horreur dans lequel il a joué, il répond : « Sans aucune hésitation, le premier Frankenstein ». 

Le film sort en salle alors que les États-Unis sont plongés dans la Grande dépression due à la crise de 1929. Universal Pictures décide d’ajouter un prologue au film. D’un ton très théâtral, un présentateur nous met en garde contre l’effroi dans lequel pourrait nous plonger le film. Aujourd’hui, ces mots prennent une allure parodique. Le monstre de Frankenstein suscite plus d’empathie et de tendresse que d’effroi. C’est là la force du film. 

Lorsqu’il crée de toutes pièces à partir de cadavres, le corps de l’homme auquel il veut donner la vie, le Docteur Frankenstein charge Fritz, son commis bossu au regard fou d’aller voler un cerveau humain dans les laboratoires de l’université. Pris de panique, Fritz brise le bocal du cerveau « normal » et se trouve contraint de voler le cerveau « anormal ». On retrouve là des thèses scientifiques de la fin du XIXᶱ siècle largement invalidées aujourd’hui décrivant des zones du cerveau comme responsables du degré de criminalité d’un individu. Doublement désigné comme monstre – parce qu’il a été construit de toutes pièces et parce qu’il possède un cerveau « anormal » de criminel –, l’anti-héros interprété par Boris Karloff n’est en réalité qu’une victime. Né entre les mains d’un scientifique fou, dénué de la possibilité de s’exprimer avec des mots, il rend mécaniquement la violence qu’on lui impose. En ce sens, la scène avec Maria, la petite fille qu’il rencontre au bord du lac après s’être échappé du moulin est cruciale. Joue-t-il ou tue-t-il sciemment ?

À la différence d’autres figures monstrueuses telles que Dracula, la spécificité de la créature du Docteur Frankenstein est qu’on la plaint. La pitié et la sympathie qu’elle génère malgré son aspect effrayant créent une ambivalence chez le spectateur qui fait toute la beauté et la complexité du film. La créature n’est en fait qu’un enfant caché dans un corps de monstre au visage repoussant. Lorsqu’elle « naît » des mains de son créateur, elle est inachevée et très vite abandonnée, et ce délaissement est à l’origine de sa violence. 

James Whale, metteur en scène anglais, réalise là un objet dont il maîtrise tous les aspects : la lumière, les décors et les maquillages. Certains historiens du cinéma diront que le Docteur Henry Frankenstein (Colin Clive) et sa créature (Boris Karloff) sont comme les deux faces d’un même homme, James Whale, le démiurge et metteur en scène d’une part et son objet de l’autre, créature du film et objet filmique lui-même. 

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À l’été 1816, Mary Wollstonecraft Godwin alors âgée de 19 ans est en vacances avec son futur mari Percy Bysshe Shelley et leur ami, Lord Byron quand ce dernier propose que chacun écrive une histoire de revenants pour passer le temps. Le texte de Mary W. Shelley – mariée entre temps – est le plus abouti. Roman gothique épistolaire par excellence, Frankenstein ou le Prométhée moderne sera un grand succès. Il a depuis fait l’objet de multiples adaptations tant pour la scène que pour le cinéma, la télévision, la bande-dessinée ou le jeu vidéo. 

On doit le maquillage de Boris Karloff à Jack Pierce. Frankenstein est son deuxième long-métrage en tant que maquilleur, mais il le consacre d’emblée comme le « Docteur Frankenstein d’Hollywood ». Par la suite, il crée les monstres les plus connus du cinéma fantastique tels que la momie de La Momie (Karl Kreund, 1932), le loup-garou de Le Monstre de Londres (Stuart Walker, 1935), Dracula, Le Fils de Dracula (Robert Siodmak, 1943) et le personnage-titre du Fantôme de l'Opéra (Arthur Lubin, 1943).

Lors du tournage du film, l’actrice qui incarne Elizabeth (Mae Clarke) raconte que lorsque le monstre apparaît par la fenêtre de sa chambre, elle avait vraiment peur de Boris Karloff. Elle a bien sûr utilisé cette peur pour le film. Marilyn Harris (la petite Maria), quant à elle, n’a présenté aucune peur vis-à-vis du personnage, les enfants étant souvent beaucoup plus à l’aise avec les figures monstrueuses que les adultes. 

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Il est intéressant de noter que l’on confond souvent le nom du créateur (Frankenstein) à la créature elle-même. Or, le monstre n’a pas de nom, ni dans le livre, ni dans le film. « Frankenstein » est un nom d’origine allemande que Mary Shelley a emprunté à une vieille dynastie germanique. 

Dans les Métamorphoses d’Ovide, Prométhée est à l’origine de la création de l’homme. Il le modèle à partir d’eau et de terre et insuffle en lui le souffle de la vie. C’est à cette figure mythologique que l’on doit le titre du roman de Shelley.

En 1935, James Whale réalise une suite de ce premier film avec La Fiancée de Frankenstein. En 1939, Rowland V. Lee réalise Le fils de Frankenstein. Boris Karloff interprète alors le rôle de la créature pour la troisième fois. 

En 1994, Kenneth Branagh réalise Frankenstein et le monstre est incarné par Robert De Niro.

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Les bonnes raisons de voir le film

  • 1 Une histoire qui emprunte sa profondeur et sa puissance aux plus grands mythes
  • 2 Un film culte du cinéma fantastique
  • 3 Le maquillage et les décors impressionnants
  • 4 Découvrir qu'un monstre cache souvent un cœur tendre

Pour quel public ?

À partir de 9 ans. Le film n’est pas particulièrement effrayant, mais il génère des sentiments contradictoires – dégoût, attrait et pitié envers le monstre peuvent cohabiter dans l’esprit du spectateur –, il est bienvenu de pouvoir en discuter en famille. 

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